La Via Tolosana

Je prends le bus à Puente la Reina pour rejoindre Pampelune où je vais passer 3 jours afin d'attendre le jour de mon vol Pampelune-Madrid-Nantes le 31 mai. J'ai choisi pour mon séjour, l'albergue "La Cathédrale" que je connais pour y avoir séjourné pendant ma marche sur le camino frances en 2016. A l'époque, l'auberge venait d'ouvrir et était peu connue, j'étais le seul pèlerin. Aujourd'hui, elle est complète et les hospitaliers refusent chaque jour du monde. Il faut dire qu'elle est bien située en centre ville juste à côté de la cathédrale et que les hospitaliers sont très sympas.

Cela sera pour moi, l'occasion de faire une belle rencontre comme souvent le camino nous en réserve : Pierre et Duncan, son accompagnant. Ils viennent de parcourir plusieurs jours sur le chemin souvent en longeant les routes à cause du fauteuil électrique de Pierre. Ils sont enchantés de cette rando et rentrent à Bordeaux.Nous sympathisons et échangeons nos adresses. Pour la petite histoire, Duncan oubliera ses chaussures de rando dans l'albergue en partant. Mais une fois de plus, le hasard (?) fait bien les choses : comme je reste encore deux jours à l'albergue, je lui rapporterai. Nous nous rencontrerons un mois plus tard à Clisson et je pourrai enfin, lui rendre ses chaussures. 

 J'ai bien maigri peut-être 5-7 kilos. La marche a du bon! 

  Pierre puis Duncan à gauche et les propriètaires de l'albergue. 

   L'albergue

 La cathédrale de Pampelune

 Le tombeau en albâtre commandé en 1416 par le roi Charles III le Noble, fondateur de la cathédrale, pour lui-même et son épouse Eléonore :

 un beau trompe-l'oeil

Ce début de rando est rendu difficile par les nombreuses montées et descentes. Je traverse les villages de Yarnoz, de Guerendian. Je longe en le dominant le canal de Navarre. Je traverse le village de Tiebas où j'avais prévu de m'arrêter.

J'arrive à la chapelle Sainte-Marie-d'Eunate que je visite (entrée payante) :

"La chapelle d'Eunate a une forme octogonale, et est entourée d'un cloître, son abside, dont les modillons représentent des visages humains, est pentagonale à l'extérieur et semi-circulaire à l'intérieur.

Son origine est mystérieuse. Depuis la fin du xix^e siècle, différentes théories ont expliqué l'origine et la fonction d'Eunate. En raison de son plan octogonal, on a pensé qu'il s'agissait d'une église templière, en lien avec le Saint-Sépulcre de Torres del Rio, un peu plus loin sur le chemin de Compostelle, ou d'autres églises à plan centré, comme le couvent templier de Tomar au Portugal, l'église du Temple à Londres ou le Saint-Sépulcre de Pise. Cette origine templière supposée et l'isolement du site ont nourri des explications ésotériques et entretiennent l'aura de mystère qui entoure l'église. Car la présence de chevaliers Templiers dans cette partie de la Navarre n'est pas très documentée, au contraire de celle de l'autre grand ordre militaire, les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, ou Hospitaliers, qui tenaient des hôtels pour les pèlerins de Saint-Jacques. Des ossements et des coquilles de saint-Jacques ont été retrouvées à Eunate, ce qui accrédite la thèse de la chapelle d'un hospice accueillant les pèlerins".

Je continue mon chemin jusqu'au village d'Obanos où je visite l'église. Puis, j'arrive à Puente la Reina à 16h. je me rends directement à l'albergue car nous sommes maintenant sur le camino frances et ce sont plusieurs dizaines voir centaines de pèlerins qui s'arrêtent chaque jour à Puente la REina. D'ailleurs, l'albergue est presque complète et j'hérite d'un lit à "l'étage". C'est la première fois que cela m'arrive depuis mon départ de Montpellier.

Je discute avec un père et sa fille qui habitent à côté de Pau, à Morlaas exactement, ville où je me suis arrêté le 16 juin. Le monde est petit ! Ils ont leurs lits juste en face du mien.

Eglise et tour du village de Yarnos

Eglise du village de Tiebas

 La chapelle Sainte-Marie d'Eunate est une église romane de la fin du XIIᵉ siècle, située en Navarre.

Eglise du village d'Obanos

  Puente la Reina

Fort vent de face et pluie toute la journée. 

Rien à signaler sur la journée d'aujourd'hui, à part qu'il y a des montées et des descentes tout le long du chemin.

L'albergue de Monreal est confortable. Nous sommes 8 : les 4 mamies françaises, 1 italien, 2 espagnols et moi. Nous dînons au bar de la commune qui gère également l'albergue. Le repas est bon et copieux.

J'apprends deux choses sur mes dernières journées de marche :

1° L'albergue de Tiebas où je comptais m'arrêter à 15 km est fermée, ce qui va m'obliger demain à faire une étape de 31 km pour rejoindre Puente La Reina / Gares où se termine mon périple et la fin du camino aragones, lequel rejoint dans cette ville le camino frances.

2° j'ai surestimé le kilométrage entre Cizur Minor et Pampelune. En réalité, ces deux villes sont très proches.

Bilan : avec ma journée de "sécurité" que je réserve au cas où... et que je n'ai pas utilisée, je vais avoir deux autres jours d'avance sur ma date de retour prévue (billet d'avion déjà réservé) soit 3 jours au total que je vais devoir passer à Pampelune ! 

 Monreal ou Elo en basque

La marche est agréable, elle alterne la traversée de bois et de champs. Comme le soleil brille, je choisis de prendre la variante qui me conduit au chateau de Javier :

"Le château de Javier (en basque Xabierko gaztelua) est sis sur une éminence rocheuse de la sierra de Leyre, en Navarre(Espagne), à 52 km à l'est de Pampelune, capitale de Navarre, et 7 km à l'est de Sangüesa. Il est passé dans l’histoire surtout comme lieu de naissance (le 7 avril 1506) du grand apôtre de l’Asie, saint François Xavier.

Plus tard, vers le début du XXè siècle,  la duchesse de Villahermosa fait don du château et de la basilique à la Compagnie de Jésus avec la condition qu'elle entretienne les lieux tels qu’ils furent cédés, et assure les services pastoraux de la basilique. À quelque distance sont construites également une résidence jésuite et une maison pour les Exercices Spirituels."

C'est dans cet ensemble très vaste où je me promène même si je ne visite pas  le château. Encore un truc grandiose comme les espagnols en ont le secret, complètement disproportionné mais très bien entretenu. De nombreux visiteurs se promènent également dans le parc.

Le ciel s'assombrit soudainement, je dois repartir vers Sanguesa, distante de 10 kilomètres. Le ciel devient noir et l'orage tonne. Il pleut et je suis encore à 6 km lorsqu'une voiture s'arrête à mes côtés et  me demande si je veux monter. Je ne me fais pas prier. Quelques minutes plus tard c'est le déluge. La personne qui m'a fait monter dans sa voiture est une ancienne pèlerine espagnole et est parfois hospitalière. En voyant l'orage arriver, elle est parti voir sur le chemin s'il y avait des pèlerins pour les prendre et les déposer à l'albergue. Sa gentillesse ira même jusqu'à téléphoner à la mairie pour lui demander de venir ouvrir les portes de l'albergue. C'est super sympa. Hélas, j'oublierai mon baton de marche dans sa voiture.

Plus tard, l'orage passé, je visite la très belle ville de Sanguesa (Zangoza).

Château de Javier

 La basilique

 L'albergue

Eglise forteresse de Santiago :

 Eglise Santa Maria la Real

Pluie à partir de 11h. Les chemins sont très boueux.

En partant à 8h30, les hospitaliers m'ont accompagné jusqu'au pas de porte et m'ont fait de grands signes d'adieu. C'est sympa !

La marche est longue mais se déroule bien. La traversée d'une forêt à la fin de l'étape est agréable.

J'arrive à Ruesta en milieu d'après midi. Ruesta est un village en ruines. Les quelques bâtiments en bon état sont des locaux du syndicat CGT (comme en France)  et l'albergue. Pourtant de nombreux ouvriers s'affairent sur les ruines. Renseignements pris, la région tente de consolider les ruines et de sauver ce qui peut encore l'être : il y a du boulot ! Quatre mamies randonneuses sont présentes quand j'arrive. Elles démarre cette année leur chemin de Ruesta. Chaque année elles partent ensemble pendant une semaine environ. 

J'ai reçu des nouvelles d'une amie Marine qui vient d'arriver à Santiago après avoir parcouru le camino frances. Nous échangeons quelques SMS.

Au loin, Ruesta

les ruines du village de Ruesta

J'apprends qu'il existe une CGT espagnole !

  L'albergue

 Les 4 mamies randonneuses

Des nuages tout le long de la journée et une bonne averse 10 minutes avant d'arriver à Arres.

La première partie de la marche ne présente pas d'intérêt puisque je marche paralèllement à la N240.

Je m'arrête à Puente la Reina de Jaca pour déjeuner dans un restaurant.

Pour rejoindre Arres, je marche sur un chemin très escarpé avec de belles montées. Le guide m'indique 3 km à parcourir pour rejoindre Arres mais le temps passé sur ce chemin me semble très long et je pense m'être égaré quand au détour d'un virage, j'apperçois enfin Arres. Le village semble abandonné. Personne dans les rues.

Arrivé à l'albergue, un couple d'hospitaliers me reçoit très gentiment. Je serai le seul pèlerin ce soir encore une fois. Ils me font visiter l'église, le donjon puis une petite chapelle. Ils restent 15 jours comme hospitaliers. Ils dorment dans un camping-car à cause de leur petit chiot de 5 mois Pipa. Nous devons abréger la visite du village car il recommence à pleuvoir.

Le soir, ils me préparent le repas. C'est donativo. Je donne 25 euros pour la nuit, le dîner et le PDJ.

 Arres

l'albergue

 Visite de l'église

 visite du donjon

 Les hospitaliers

Je suis surpris de ne pas rencontrer sur le chemin d'autres pèlerins/randonneurs. Comme la voie d'Arles, le camino Aragones est très peu fréquenté. Je suis encore seul !

La rando est belle dans des paysages variés. Je ne m'ennuie pas. Cela grimpe et descend continuellement mais maintenant j'ai l'habitude et depuis plusieurs jours j'ai retrouvé une bonne forme physique. C'est normal après un mois de marche et le franchissement des Pyrénées. 

Je dors à l'albergue municipale de Jaca. Pour 11 euros, elle est très bien. 32 lits sont disponibles dans des box de 2. Nous avons de la place car nous ne sommes que 3 : 1 Espagnol qui rejoint sa fille pour une marche au col du Somport donc en sens inverse et 1 Brésilien qui semble être un "errant".

Je fais quelques courses en ville et je dîne seul le soir dnas la grande salle de l'albergue.

Il y a maintenant un pont pour franchir le rio Aragon :

 Auparavant il fallait le franchir sur des pierres :

l'Albergue :

 Aujourd'hui, grande étape : je vais passer en Espagne via le col du Somport.

Pendant quelques heures je marche sur le GR653. La journée est exténuante. J'ai à franchir de nombreux torrents et marcher dans des marais.

Je suis seul et je m'enfonce dans la neige jusqu'au genou. Lorsque la neige devient trop profonde et que mon baton s'enfonce entièrement,  jejuge qu'il n'est pas prudent de continuer dans ces conditions même si des traces de pas sont marquées dans la neige, signe que d'autres sont passés avant moi. Aussi, je décide de rejoindre la nationale en escaladant un éboulis.  

Je ne quitterai plus la nationale où il n'y a aucun passage de voiture ou de camion (nous sommes dimanche) jusqu'à Canfranc-Estacion. Il y a de nombreux touristes dans cette ville car c'est une station connue en Espagne pour les sports d'hiver. Elle possède une gare d'une grandeur inimaginable comparable en taille à la gare de Paris St Lazare. 245m de long, 365 fenêtres, 156 portes. Elle est presqu'à l'abandon. Son trafic n'a pas dépassé 50 voyageurs par jour. Encore une prouesse de technocrate !!!

Je dors à l'albergue Rio Aragon qui est très bien. Il y a un argentin et je retrouve Christian (l'allemand) qui arrive à 18h30.

 La gare !!

 L'albergue

 Christian à droite.

Je ne me rappelle plus qui sont les deux autres personnes.

Départ 8h00 et arrivée à 16h00. Soleil.

J'alterne volontairement le chemin et des portions de route afin d'économiser mes forces pour demain. A 12h00, je décide de ne pas m'arrêter au village de Borce mais de continuer 6,5 km plus loin à Urdos. Cela sera toujours en moins demain. Je suis chanceux, c'est samedi et il n'y a pas de camion. 

Je longe encore le gave d'Aspe. Je traverse les villages de Bedous, Accous et Borce. Je passe en contrebas du fort du Portalet construit en 1842 et dont voici l'histoire :

"Le fort du Portalet est un fort de montagne (massif des Pyrénées), situé dans le département français des Pyrénées-Atlantiquesdans la commune d'Etsaut à la limite avec Urdos. Construit sur une falaise dominant le gave d'Aspe, il fait face au chemin de la Mâture et était chargé de protéger la route du col du Somport. Il servira de lieu de détention pour des personnalités politiques sous le régime de Vichy puis brièvement, après guerre, pour le maréchal Pétain. Devenu monument historique, il est en cours de restauration et ouvert à la visite".

Le gîte communal où je m'arrête est très bien. Je le classe dans le top 3 des meilleurs gîtes du camino Aragones et du chemin d'Arles.

Je vais à l'épicerie municipale dont le gérant s'occupe également du gîte. C'est un jeune garçon avec qui je discute longuement. Cette année les comptes de l'épicerie seront à l'équilibre mais il m'explique les difficultés qu'il rencontre. Nul doute que les pèlerins/randonneurs du camino Aragones qui s'arrêtent à Urdos apporte une clientèle non négligeable. J'achète une bouteille de Jurançon pour mon dîner. Je suis encore le seul à dormir dans cette albergue.

Je profite d'une machine à laver et d'une sèchante gratuites pour faire une grande lessive. 

Urdos est à 730m d'altitude. demain, je vais monter au col du Somport situé à 1636m soit 900m de dénivelé positif.

 le village de Sarrance en partant.

Je longe le Gave d'Aspe.

 Fort du Portalet

L'épicerie-boulangerie-poste-gîte d'Urdos :

Départ à 7h45 sous un ciel nuageux mais avec une température agréable pour randonner.

La marche est sans histoire. Les 3 derniers km sont superbes : je marche en dominant le gave d'Aspe.

J'arrive à Sarrance à 15h. Je vais boire un coca au café du village puis je me rends au monastère de l'ordre des Prémontrés. Celui-ci reçoit les pèlerins. Il y a un beau cloître. Le monastère de Sarrance est situé en Vallée d'Aspe, dans les Pyrénées Atlantiques, tout près de l'Espagne.
Après avoir été délaissé, il est de nouveau habité par un religieux de l'ordre des Prémontrés et d'une équipe de laïcs. Je suis le seul pèlerin ce soir à y dormir.

  Le village de Sarrance :

Le monastère de Sarrance :

Départ à 8h. Le chemin contourne la ville de Pau par le nord et c'est très bien.

Je traverse le bois de Goes et le bois d'Oloron. Après 2 fortes montées et descentes et sachant que je dois en gravir et en descendre encore 3 ou 4, je préfère marcher le long de la départementale jusqu'à l'arrivée. De plus, j'évite les nombreux lacets que fait le chemin et j'économise ainsi de nombreux kilomètres. 

J'arrive à 14h40 à Oloron. Le gîte n'ouvre qu'à 15h. L'hospitalier vautré sur sa chaise refuse de me laisser entrer. Je vais donc faire un tour en centre ville. je reviens 20 minutes plus tard à 15h pile. Là, il me laisse entrer. L'hospitalier dirige le gîte comme un adjudant de l'armée. Je n'en dirai pas + sur le personnage mais je n'ai jamais connu au cours de mes différentes randos un individu pareil. Nous sommes 3 : un cycliste italien, Christian le jeune allemand et moi.

  Pause déjeuner 

Oloron-Sainte-Marie :

 le gîte

C'est une grande étape qui m'attend aujourd'hui. Je préfère profité du terrain plat et m'approcher le plus possible d'Oloron Ste Marie car ensuite cela grimpe dur !! 

Après un départ à 7h, j'arrive à Lacommande à 16h. Je me rends à l'Office de tourisme qui se trouve derrière l'église. Une personne très aimable, Natalie (sans h) me reçoit et me conduit au gîte en me donnant des explications.

Le gîte est vraiment top : il y a une machine à laver et une sèchante gratuite à disposition. J'en profite pour faire une grande lessive. Une petite épicerie est également diponible à l'intérieur du gîte. Je vais grâce à cela me préparer un bon dîner. Un jeune allemand, Christian, arrive à 18h. Lui est cool contraiment à l'idiot de Marciac. Nous ne serons que 2 au gîte. 

  en quittant Morlaas

Départ à 8h00 sous un ciel couvert. Le soleil reviendra  vers 11h.

Cette nuit il y a eu un bel orage. Heureusement la journée d'aujourd'ui est composée au 3/4 de bitume.

RAS jusqu'à mon arrivé au camping municipal de Morlaas où se trouve le refuge pour pèlerins. Je suis le premier à arriver (vu le peu de km aujourd'hui, c'est normal) mais 4 autres randonneurs-pèlerins arriveront dans l'après-midi dont 1 cycliste hollandais et un jeune canadien-anglais. Je vais faire mes courses au supermarché qui se trouve juste à côté, c'est pratique.

La nuit, des ronflements terribles m'empêcheront de bien dormir malgré mes boules quiès. Au moins 3 des autres randonneurs ronflent. Je dois dire que moi aussi, je ronfle mais là, je ne dors pas et c'est vraiment l'enfer. 

Je quitte le gîte sans revoir les propriètaires. J'ai pourtant pris mon PDJ dans la salle à manger. Quelle différence avec l'accueil de Johanna à la Barraque.

Un peu plus tard, je me fais une belle frayeur en glissant sur une pierre mouillée, je m'étale de tout mon long. Heureusement, j'ai eu plus de peur que de mal ! Le reste de la marche est tranquille. RAS

J'arrive au gîte communal qui se situe dans une école. Au rez de chaussée, il y a encore une classe. Le gîte pour pèlerins est installé à l'étage certainement dans l'ancien appartement de l'instituteur. Le gîte est confortable. Il y a tout ce qu'il faut.

Vers 15h arrive un autre pèlerin : Bernard. A mon étonnement, il sait qui je suis !! En effet, même si nous ne nous connaissons pas, il fait partie de la même association que moi : "l'association bretonne des amis de St Jacques de Compostelle". Il avait été prévenu par le secrétaire qu'il risquait de croiser mon chemin. Bernard marche très très vite et fait de grandes étapes. Nous ne passerons donc que cette soirée ensemble.

Dans chaque hébergement, un livre d'or est mis à la disposition de ceux qui souhaitent laisser des remerciements ou des remarques, bonnes ou mauvaises. J'aime feuilleter ces livres et lire les mots écrits par les pèlerins. Certains écrivent un roman, d'autres une seule phrase. D'autres encore laissent une pensée qu'ils n'ont pas osé dire oralement ; pour certains d'entre eux, de beaux dessins ou un poème. Ces livres sont les dépositaires de messages et la dernière trace du passage de ceux qui avancent.

Beacoup de constructions dans cette région sont bâties avec des rangées de galets alternées avec du ciment.

 le gîte est à l'étage de l'école.

 encore 260 km

 Avec Bernard

Départ à 8h30 sous une petite pluie. Les sacs à dos ont été entreposés dans le garage du gîte à cause de la crainte des punaises de lit. Lorsque je descends pour remettre mes affaires dans mon SAD, le boucler puis partir, l'allemand qui a dormi dans l'autre chambre me suit et s'asseoit sur les marches de l'escalier qui va au garage. Il me surveille jusqu'à ce que je quitte le gîte. Cet idiot avait certainement peur que je parte en lui volant qq chose de son SAD qui se trouvait juste à côté du mien. Je lui souhaite bien du plaisir s'il va jusqu'à Santiago car il n'a pas fini de surveiller son sac quand il sera dans les albergues espagnoles.

Je traverse le village d'Auriébat où je fais une pause à côté de l'église et du monuments aux morts où figurent 20 noms pour la guerre 1914-1918. La commune comptait en 1911, 560 hanitants (source wikipedia). J'imagine la perte qu'a représenté tous ces morts pour les familles de ce village. En 2016, le recensement donnait 216 habitants. 

4 bons raidillons au programme de la journée dont le dernier est épuisant. Je passe par la ville de Maubourguet dont la traversée me parait interminable. 

J'arrive à 13h30 à Lahitte-Toupière (vous parlez d'un nom !!) au gîte Happy Coulson qui est très bien. Une jeune fille asiatique au pair me reçoit, me parle en anglais et en 2 minutes m'explique les différentes pièces puis retourne s'enfermer dans sa chambre. Pour les propriètaires anglais qui sont présents, aucun contact. Ils passent devant moi comme si je n'existais pas. Aucune parole. Impossible d'engager la conversation, je les entends pourtant parler en français.

Pierre-Yves dort au même endroit. Nous faisons un selfie car demain il prévoit une étape de plus de 15 km que moi. Nous ne nous reverrons plus. J'ai beaucoup de chance avec les rares randonneurs dont j'ai croisé pendant quelques journées la route. Avec chacun, j'ai eu des échanges cordiaux et discrets.

J'ai des nouvelles de Gabriel, il est à Lescar. Il a donc 2 jours d'avance sur moi. De mon côté, je prévois de couper en deux l'étape d'Oloron Sainte Marie qui fait 33 km. Deux petites journées qui seront comme un repos. Je n'aime pas m'arrêter une journée entière. Je préfère faire quelques petites étapes pour me reposer.

 Pour la permière fois, je vois au loin les pyrénées. 

L'église du village d'Auriébat

 Depuis la création de la commanderie hospitalière du Saint-Esprit, Maubourguet était déjà une étape au XIIIè siècle pour aller à Compostelle 

 le gîte Happy Coulson

 Avec Pierre-Yves

Départ à 9h30 sous le soleil qui persistera toute la journée. Il commence à faire chaud ! 

Belle marche à travers les collines. RAS.

J'arrive à Marciac à 15h. Le gîte est ouvert malgré l'absence des propriétaires mais de suite, je m'aperçois qu'il n'est pas top. La chambre est au 2è étage et il faut monter un escalier en colimaçon très raide.  Je téléphone aux propriétaires pour leur signaler que je ne reste pas. Ils sont compréhensifs car l'autre gîte où ils recoivent d'habitude les pèlerins est occupé par une classe d'élèves en séjour vert.

Je me rends dans un autre gîte "le grenier de St Jean" qui est très bien.

Marciac est une ville célèbre pour son festival de jazz. Il y a de grandes affiches de ce festival dans le gîte.

Je pars boire une bière sur la grande place du village qui est superbe. Pierre-Yves me téléphone. Il est à Marciac aussi. Il m'a vu de loin et se propose de me rejoindre à la terrasse du café où je suis installé. Nous trinquons donc ensemble.

Je retourne au gîte où je me repose dans le jardin. Plus tard, un randonneur allemand arrive. Nous ne serons que deux mais chacun à son dortoir.

 l'église de Marciac

 La grande place

Le gîte "Le grenier de St jean"

Soleil. Départ à 8h30 arrrivée à 15h30. L'étape est très longue aujourd'hui. Alors lorsque l'hospitalier qui doit aller à Barran faire une course, me propose gentiment de me déposer en voiture à Barran qui se trouve à 17 km sur le chemin, j'accepte ce qui ramène la journée d'aujourd'hui à 20 km. C'est une entorse à la règle que je me suis fixée : ne pas prendre de transport en commun mais je suis très fatigué et je ne me voyais pas faire une étape de plus de 37 km.

La marche après Barran est sympa : elle suit un beau sentier qui passe à L'Isle-de-Noé et à Montesquiou où hélas le coût de l'hébergement est trop élevé pour ma bourse. Ce qui explique le 37,5 km que je devais faire.

Je m'arrête à Pouylebon au gîte "La Barraque" chez Johanna. C'est donativo. C'est une belle maison typique du Gers. Je suis le seul pèlerin. 

Johanna est une femme d'environ 70 ans. C'est le genre soixante huitarde - hippie - paysanne- écolo. Elle marche pieds nues et tente de vivre le plus possible en autarcie.

Quand j'arrive, elle est grimpée sur le toit de sa maison pour bricoler son conduit de cheminée. Elle bricolera une sorte de four spécial toute la journée. Le soir, nous dînons ensemble. Elle est "originale" et très sympathique. Je passe un bon moment à discuter avec elle. Une belle rencontre.

le gîte de Johanna

 un four solaire. Le ragout cuit !

 ma chambre :

 Le four rond de Johanna

 Temps couvert et vent très froid. Départ à 8h30.

La journée n'est qu'une suite de montées et de descentes. J'arrive à Auch à 15h.

Je dors dans l'ancien presbytère géré par une association. C'est un des rares gîtes encore donativo (on donne ce que l'on veut).  Je suis le premier. Ensuite arrive Pierre-Yves et beaucoup plus tard un autre randonneur à l'allure bizarre. En fait, après discution, je devine que c'est un "errant", ces gens qui marchent continuellement sur les chemins. Ils sont le plus souvent en rupture de famille voir de société. J'en ai rencontré déjà quelques uns sur la via Tolosana (je n'en avais jamais vu autant) peut-être recherchent-ils le soleil en marchant dans le sud de la France. Je dîne avec lui le soir et je lui laisse quelques provisions pour son déjeuner avant de repartir le lendemain.

L'après-midi , je pars visiter la très belle cathédrale d'Auch et faire mes courses pour demain.

Le gîte :

Départ à 8h30 sous un temps un peu frisquet mais avec du soleil et qq nuages. Après 8 km, je traverse la ville de Gimont. C'est jour de marché et il y a foule. J'en profite pour m'arrêter dans une brasserie boire un café et manger 2 croissants. J'observe la population. L'ambiance est très franchouillarde. J'aime !!! 

3 km plus loin, je m'arrête à la chapelle de Cahuzac. Je suis seul. J'aime ces petites chapelles finement décorées avec simplicité. La porte d'entrée en bois, est magnifiquement sculptée des représentations des 12 apôtres. Je médite plusieurs minutes et j'allume un cierge pour ma soeur Françoise gravement malade.

Je fais une pause déjeuner en haut d'un vallon et j'arrive à 13h30 au gîte de Lamothe, c'est une maison très originale : "pied à terre en Gasgogne". La proprio me donne une chambre individuelle pour 5 euros de plus que le dortoir car un groupe de 6 cyclistes doit venir dormir.

En effet, un groupe de 6 marseillais arrive. Nous dînons ensemble avec des provisions tirées du sac. Ce sont plus des fêtards que des sportifs (20 km par jour c'est vraiment pas beaucoup en vélo !!!) et ils ne sont pas pressés d'aller se coucher. A 22h, alors que je suis déjà au lit,  ils sortent les guitares et les flûtes et c'est parti... A 23 h, ils discutent dans la salle commune sans baisser le ton et à minuit, ils fouillent dans leurs affaires pour aller se coucher. Tout cela à 3 mètres de ma chambre ! Je suis obligé de sortir pour leur demander de faire moins de bruit.

La chapelle Notre Dame de Cahuzac :

  le gîte

Il a plu toute la nuit mais quand je démarre ma marche le soleil brille. Les chemins sont très boueux et la glaise colle aux chausssures. A chaque pas, je dois soulever plus d'un kilo de terre à chaque pied. Je traverse la belle forêt de Bouconne. Je m'arrête à l'office de tourisme de l'Isle Jourdain pour faire tamponner ma crédentiale et déjeuner au bord du lac qui se trouve juste à côté.

Après 30 km, j'arrive très fatigué à Giscaro où j'ai réservé un lit et la demi-pension  au gîte "Le Grangé". Le gîte est rempli de travailleurs issus des pays de l'Est et de quelques touristes. Les proprios sont sympas et serviables. Le gîte est aménagé comme un gîte de montagne.

 Le gîte "Le grangé"